Les cygnes tuberculés du Bois Français
(Saint-Ismier - 38 Isère)
Pour bien construire un nid, il faut déjà trouver le bon emplacement, comme je l'ai partiellement évoqué sur une autre page.
Revenons donc sur ce point, un peu plus en détails.
Il faudra donc, pour "notre" couple de cygnes, trouver dans un premier temps, l'endroit le plus "éloigné" qui soit des prédateurs en tous genres, que ceux-ci soient à poils, à plumes ou humains !
Autrement dit : trouver l'endroit où le nid restera le plus longtemps possible "hors d'atteinte" de quiconque, pour que la famille y soit en sécurité jour et nuit, en particulier jusqu'à la naissance des petits, puis leurs premières semaines d'existence.
Le "nec plus ultra" en la matière, c'est de pouvoir construire son nid de façon à ce qu'il soit entouré d'eau le plus longtemps possible !
Pour donner une idée du lieu "idéal" de construction du nid, sur le lac "Belledonne" du Bois Français, voici une photo permettant de voir et comparer deux emplacements, à savoir :
1) celui habituel s'établissant sur la seule "île" du lac (entourée d'eau normalement à la naissance des petits durant le printemps) et
2) celui choisi en 2018 suite au fait que les cygnes avaient été dérangés, a priori, par des travaux sur la berge. D'où qu'ils avaient abandonné le lieu habituel pour un autre plus tranquille.
Toutefois, les habitués du lac auront pu remarquer que le lieu de construction 2018 était bien loin d'être aussi protégé que le lieu habituel, puisqu'au fur et à mesure que le niveau du lac aura continuellement baissé --- comme c'est le cas chaque année au retour des beaux jours et de l'été --- le nid se sera trés vite retrouvé "à sec", quelques semaines après la naissance des petits, permettant ainsi à tous les prédateurs potentiels d'y accéder !
Les deux photos précédentes ayant été prises en fin de saison 2018 (toute fin septembre), le niveau du lac était quasiment à son plus bas !
Voici à quoi ressemble "l'île" (ou du moins ce qu'il en reste dés lors que sa terre est submergée) en début de saison (mars/avril)
Et voici comment un nid peut-être protégé au mieux des prédateurs, en se retrouvant complètement entouré d'eau
ATTENTION ! Petit jeu bonus !
Saurez-vous me dire combien de tortues se trouvaient sur la photo précédente ?
Vous avez le droit de remonter sur l'image et de compter !
Sinon, il vous suffit de "descendre" un peu pour trouver la réponse
Revenons-en à notre construction de nid (parce qu'on est quand même là pour ça ! :)
Donc, une fois l'endroit le plus adapté, adopté (non ! je ne radote pas ! je fais dans le jeu de mot pour voir si vous suivez (adApté/adOpté) ! ) c'est alors un travail de longue haleine qui commence ! Car il va falloir aller chercher, un par un, chacun des éléments, plus ou moins gros/petit, qui vont permettre de (re)construire le nid. Autrement dit, chacune des branches, des brindilles, des herbes, de la "boue", voire des objets les plus insolites qui soient, et pour cause !
Si dans l'absolu --- à savoir, un monde qui serait parfait --- les cygnes sont supposés construire leur nid, dans un environnement naturel, avec uniquement des éléments naturels, il devient de plus en plus courant de voir des cygnes bâtir leur nid à partir de ce qu'ils pourront trouver dans leur environnement "habituel" dont font, hélas, partie les déchets abandonnés ou perdus, par les humains, dans la nature.
C'est ainsi que l'on peut voir plusieurs exemples de nids "atypiques" sur Internet dont CELUI-CI pour le moins édifiant, tant de la pollution humaine, que d'une forme de "dérèglement" dans le comportement d'animaux qui ne devraient, en aucun cas, nicher dans de tels endroits, ni de telles conditions. Et inutile d'aller jusqu'à Amsterdam pour voir ce genre de "scène" puisque des personnes m'ont expliqué avoir vu sur le lac du Bourget, entre autres, des nids ayant été construits, pour certains, avec, au moins en partie, quelques détritus humains.
Fort heureusement, ce n'est, a priori, pas le cas sur le lac "Belledonne" où chaque année le nid est reconstruit de façon totalement naturelle.
Pour ce faire, le travail est généralement bien organisé entre le mâle qui va chercher et ramener les matériaux nécessaires (donc branches, brindilles, etc) et la femelle qui agence les matériaux tout autour d'elle afin de construire le nid le plus approprié à ses besoins de future mère. Mais les rôles peuvent s'inverser, d'où qu'il n'est pas rare de voir le mâle agencer, lui aussi, le futur nid.
Pour commencer, voici une photo du nid 2018 prise début octobre 2018, alors que les cygnes ne l'utilisaient déjà plus depuis plusieurs semaines. Il faisait alors encore au moins 60 cm de haut !
Et voici encore une photo du nid 2018 mais prise mi avril de l'année 2019 ; comme on peut le constater, la construction est suffisamment solide pour que le nid perdure en grande partie d'une année sur l'autre ! En particulier s'il reste hors de l'eau, ce qui avait été le cas pour celui-ci qui n'avait plus été entouré d'eau depuis l'automne 2018.
Toutefois, même si le couple avait voulu le réutiliser, pour l'année 2019, cela aurait été totalement impossible vu qu'il était beaucoup trop éloigné de l'eau --- durant la couvaison et la naissance des petits (l'eau étant remontée par la suite) --- et du coup totalement exposé aux éventuels prédateurs, comme on peut le constater sur la photo suivante.
A noter qu'à la période (mi avril 2019) où j'ai pris cette photo, cette partie du lac aurait dû être totalement "en eau", au moins jusqu'au ras du nid !
Et voici maintenant le nid 2019 (photo datant d'à peine quelques jours avant la naissance des petits, les 25, 26 et 27 avril)
Comme on peut le constater, il est nettement moins haut que celui de l'année 2018 !
Cela est sans doute en rapport avec le fait qu'en 2019 le niveau de l'eau du lac était exceptionnellement bas pour la période ! Il manquait au mois de mars, au minimum 1m de haut d'eau ! Les cygnes se sont donc très certainement adaptés afin que leurs petits, qui n'étaient pas encore nés, puissent descendre du nid et y remonter sans trop de difficultés.
Il est à noter que lorsqu'un nid est construit entouré d'eau, il est généralement bâti de telle sorte que le haut du nid soit presque au ras de l'eau afin de permettre aux petits de passer facilement du nid à l'eau et vice versa. Toutefois, il y a parfois des "surprises" avec des nids bien plus hauts que le niveau de l'eau, ou au contraire, des nids qui finissent "sous l'eau" ! Par ailleurs, il est courant de voir également des nids construits totalement hors de l'eau, si le risque de prédation est faible ou quasi inexistant, ou encore s'il n'y a pas d'autres choix.
Sur la photo ci-dessous, un aperçu du côté "douillet" du nid que la femelle "tapisse" avant la ponte, de végétaux secs (herbes, mousse,...) ainsi que de son propre duvet (sachant que les cygnes perdent tous les jours du duvet et des plumes, comme nous nous perdons des cheveux sans forcément nous en rendre compte)
Il est à relever que cet amalgame "duveteux" crée souvent la confusion chez certaines personnes qui sont dés lors absolument persuadées qu'au moins un petit cygne est né, alors qu'il n'en est rien ; a fortiori, si l'on est encore à au moins 15 jours du "terme"... (clin d'oeil à deux personnes qui se reconnaitront si elles passent un jour sur cette page :)
Mais il est vrai que lorsqu'il y a du vent et que la femelle est sur le nid, on pourrait facilement croire que le "quelque chose" que l'on voit bouger sous la future mère est un petit tout juste éclos, alors qu'en fait ce n'est que du "duvet" tapissant le nid qui s'agite au vent.
A noter également que, pour une raison que j'ignore, durant l'année 2019 le mâle a commencé à bâtir un nouveau nid, une dizaine de jours avant la naissance des petits ; peut-être que son instinct le poussait à construire un endroit plus sécurisé et donc sécurisant, puisque lors de la couvaison et de la naissance des petits, le nid 2019 n'était pas autant entouré d'eau qu'il aurait dû l'être en temps normal ; malheureusement les efforts du mâle, bien que louables, n'auront pas servi à grand chose puisque le niveau de l'eau sera, par la suite, remonté juste suffisamment pour submerger ce nouveau nid.
C'est toutefois l'occasion de voir le mâle en pleine construction !
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